Article paru dans Haru No Soyo Kase en décembre 2010.
Vous connaissez sûrement le terme Aruki Kata qui signifie «la marche» et qui fait partie des notions et qualités à parfaire. Mais avez-vous entendu parler du Namba Aruki ?
Yoshinori Kono Senseï, Budoka émérite bien connu au japon, explique que la marche Namba fut abandonnée lors de la transformation de la formation militaire calquée sur le modèle européen.
Il explique que la marche constitue une activité principale pour l'Homme et que la musculature des japonais fut modifiée. Les techniques «ancestrales» s'en trouvent amoindries parce qu'elles ont été conçues sur une utilisation différente du corps. Ainsi dans les Nihon Bujutsu [techniques de combat japonaises], on ne vrille jamais le corps ou plus exactement la colonne vertébrale comme dans la marche où l'on balance le bras opposé à la jambe engagée.
Cet exemple est magnifiquement illustré dans le film «La Servante et le Samouraï» de Yoji Yamada . Certes, les samouraï n'étaient pas rapides à la course à pied. Dans le japon ancien, la façon de marcher n'était pas la même selon la classe à laquelle on appartenait. Certains « espions » maîtrisaient plusieurs marches afin de se déguiser en marchand ou en paysan.
Le Iaïdo [art de dégainer et couper avec le sabre japonais] insiste sur le placement du corps. Les critères observables sont l'orientation des hanches et la direction des pieds: Hanches de face à l'adversaire, imaginaire en Iaïdo, et pieds dans la direction de l'action. Idem, en Kendo, où le Okuri Ashi [pas dit glissé] comme le Ki-Ken-Taï [action synchronisée avec l'énergie, le sabre et le corps] sont étudiés avec persévérance.
Combien de fois n'ai-je repris mes élèves sur le positionnement du pied arrière ? À trop regarder devant, la plupart des écoles ont oublié leurs arrières, leur passé, leur origine et parfois même leurs fondements. Lorsque j'ai pris connaissance des articles de Kono Senseï (que Léo Tamaki soit mille fois remercié pour cela), ses explications m'ont éclairé en justifiant la nécessite du placement du pied arrière: non seulement pour la technique, mais encore pour son efficacité, sans oublier le contexte culturel et historique dans lesquels elle a été forgée.
Bien que cet aspect soit plus que rarement évoqué, le Shikko de l'Aïkido [déplacement à genoux pour le travail du Suwari Waza, techniques où les deux partenaires sont à genoux et du Hanmi Handachi Waza, techniques à genoux contre un attaquant debout] oblige à maintenir l'axe de la colonne vertébral, évite sa vrille et coordonne la latéralisation du placement des bras avec les hanches. Plus on progresse et plus on apprend à engager les hanches lors de ces déplacements. C'est bien ! mais ce n'est pas suffisant : il reste à appliquer le placement judicieux des pieds en concordance avec l'engagement des hanches afin de retrouver l'essence du Namba Aruki et le potentiel d'efficacité des techniques.
Marc Senzier. Décembre 2010
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