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vendredi 3 mai 2013

Giri

Article paru dans Haru No Soyo Kase en Février 2011.

義理 Giri

Giri, prononcé Gui-ri, est un mot japonais sans traduction littérale en français. Il désigne la notion de devoir ou d'obligation morale et sociale. Il est composé de deux idéogrammes :

Gi : justesse, règle, moralité.
RI : raison, principe, logique




Selon l'éclairage de Inazo Nitobe (1862-1933), célèbre intellectuel nippon et auteur du non moins célèbre ouvrage paru en 1900 武士 道 Bushidō, l'âme du Japon, référence en matière de philosophie morale, martiale et plus largement de la culture et de la mentalité japonaises, Giri signifie littéralement «raison droite» et, dans son sens premier, exprime le devoir pur et simple que nous devons à nos parents, à nos supérieurs mais aussi à nos «inférieurs» ou à la société en général.
Si de nos jours, à l'instar du mot Honneur, Giri n'est parfois guerre plus qu'une vague idée du devoir ou de l'obligation que l'on se doit de remplir, il était d'une toute autre dimension lorsqu'il s'agissait d'agir avec droiture, courage et maîtrise de soi.
Culturellement accepté et inculqué dés le plus jeune âge, Giri conduit le Samurai à se donner corps et âme, y compris lorsqu'en dernier recours il se devait de faire Seppuku (nommé à tort Hara Kiri) quand il voulait racheter ses fautes, se laver d'un échec personnel ou se repentir d'un péché impardonnable. L'homme qui accepte Giri et qui suit ses préceptes est un homme honorable. (cf Yakuza de Sydney Pollack, voir Haru No Soyo Kase de décembre 2010)

De nos jours, et surement par la perversité de la maxime « les paroles s'envolent et les écrits restent », nombreux sont ceux qui n'accordent plus aucunes « obligations morales » à ce qu'ils disent : le mensonge est courant y compris dans les hautes sphères de nos sociétés, les hommes politiques n'étant pas de reste. Pour l'Homme Honorable, une parole dite vaut autant, sinon plus, qu'un écrit et chaque parole prononcée est le reflet de sa pensée comme de son âme; il y joint alors une partie de lui-même et ne peut dès lors que la respecter.
Giri, le « lourd fardeau » que l'on se doit de porter envers la famille, l'entourage, la société n'a de valeur que par l'intention que l'on y met. Il assure une cohésion sociale par ses règles d'étiquettes et de comportements, mais il ouvre aussi la Voie à la la sincérité que l'on se doit d'avoir avec nous-même dans nos actes, nos paroles comme nos intentions.

Le poids de la tradition n'empêche pas d'oeuvrer pour un changement de cette même Tradition et lorsque le changement s'opère avec Giri, il n'y a pas de rupture brutale entre le passé et le futur que l'on veut construire, il y a un ciment-lien qui trans-forme sans détruire. Pour changer et améliorer le monde, Giri nous invite à commencer par changer en nous-même et par nous-même en appliquant les obligations morales que l'on se doit.

Marc Senzier.

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