L'âme de la Voie

Le monde n'est qu'un reflet de notre esprit

Le monde, tel que nous le percevons, n'est qu'un reflet de notre esprit. Nous voyons, mais c'est notre esprit qui interprète notre vision. Nous entendons, mais c'est notre esprit qui interprète les sons. De même, le toucher, l'odorat et le goût sont aussi des sens liés à l'interprétation de notre esprit.

Toute notre sensibilité est intellectuelle. Tout repose sur notre esprit. Nous croyons tout voir, tout savoir mais nous sommes aveugles car nous ne percevons qu'une infime partie d'un tout qui nous est invisible. Pour preuve : nous n'entendons pas les ultra-sons, nous ne voyons pas les fréquences infrarouges ou les ultraviolets, notre odorat est rudimentaire comparé au flair du chien...

Oui, nous ne sommes que ce que notre esprit nous dit ce que nous sommes et nous nous en satisfaisons. Qu'adviendrait-il de nous si nous perdions l'esprit, si nous avions l'esprit ailleurs ou si nous devenions simples d'esprit ?

Ouvrir notre esprit

Il nous faut ouvrir notre esprit et prendre conscience qu'il y a un monde visible et un monde invisible. Un monde occulte existe aussi, invisible à notre vue et imperceptible par nos sens primaires.

Ce monde n'est accessible que par une prise de conscience. Il nous faut alors réveiller notre conscience endormie par les habitudes et la routine ou par nos croyances dogmatiques. Pour pénétrer dans cet inconnu, il nous faut ouvrir les yeux qui n'en sont pas et rendre visible à notre perception une nouvelle conscience d'être. Pour y parvenir, il nous faut rendre libre toute notre attention.

Prendre conscience

En changeant notre conscience d'Être, notre perception du monde change. Nous pourrons alors ne plus reconnaître ce que notre mémoire nous évoque. Nous pourrons relire nos souvenirs d'un regard nouveau. Nous pourrons redimensionner notre propre image et, par là-même, celle du monde.

La voie du Budō

Le Budō nous invite à cette renaissance.

En premier lieu, il nous oblige à redimensionner notre schéma corporel qui n'est aussi qu'une interprétation de notre esprit. En modifiant cette interprétation, notre esprit bouge et devient sensible au changement.

Par la répétition des gestes techniques, la conscience descend dans notre corps. À l'inverse, notre corps remonte dans notre conscience. Certains blocages ancrés dans le corps peuvent alors réactiver des " souvenirs " perdus ou refoulés qu'il faudra affronter. Chaque frein débloqué devient une victoire sur soi. La relecture de ces souvenirs est souvent douloureuse mais reste indispensable à la libération de l'esprit, il faut pour cela un courage certain.

Le pratiquant doit alors se donner entièrement à la Voie et la placer au centre de sa conscience. Il doit se recentrer, se concentrer et appliquer les enseignements reçus afin de libérer sa pensée, son esprit et son corps. Il corrigera ses défauts et s'appliquera à parfaire ses qualités.

La progression sur la Voie nous rend sensible à nous-même, apure l'Ego et nous invite à renouer avec notre moi-intérieur et notre moi-profond. Notre esprit immatériel libéré s'ouvre alors à ce quelque chose d'incorporel, notre essence que l'on peut appeler l'âme.

Marc Senzier. 10 mars 2013.