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lundi 18 mars 2013

Être et Devenir.

Chronique de novembre 2010.

« Nous sommes ce que nous sommes, pas ce que nous voudrions être...» Siegfried Kolbilza, Takeda Ryu - I.S.T.B.

Le Budō est un chemin qui mène vers Soi. Il doit permettre de se reconnaître, littéralement : re-co-naître, c'est à dire de naître à nouveau avec soi-même.
Pour accomplir cette renaissance, le pratiquant doit, au travers de l'exercice de son art, commencer par découvrir, identifier et, surtout, accepter ses défauts, ses failles et ses faiblesses. Cette étape doit s'accompagner par une prise de conscience des qualités acquises ou en cours d'acquisition ainsi que des progrès accomplis. La tâche incombe au Senseï qui doit savoir, dans ces moments difficiles, valoriser son élève en prenant le plus grand soin de ne pas exacerber l'ennemi primordial qu'est l'Ego.

Lorsque la conscience s'éveille et ne se leurre pas dans ce piège de l'Ego, le constat ou « état des lieux » doit permettre au pratiquant de se fixer des objectifs afin d'améliorer certains aspects de sa personnalité, mais aussi de faire avec les défauts les plus ancrés en soi qui seront les plus difficiles à gommer. Le changement demande beaucoup de travail et peut être refusé par paresse. Nous considérerons que le pratiquant de Budō n'est pas avide d'efforts.

Un défaut inné (littéralement : né dedans) en l'Homme est la résistance au changement.
Changer : c'est accepter d'être différent, d'être autre, d'être l'inconnu.

Et l'Inconnu fait peur, souvent parce que l'on imagine le pire ou simplement parce qu'il nous oblige aussi à reconnaître nos propres peurs conscientes, inconscientes, archaïques, innées ou bien encore, liées à l'inconscient collectif ou culturel.
Pourtant refuser le changement c'est se figer à jamais dans ce que l'on est, ici en l'occurrence à l'étape du constat que certains refuseront même de réaliser pour éviter de blesser son mal Ego. Ce refus est signe de sclérose à venir ou déjà déclarée. Est-il trop tard ?
Non ! La rédemption sincère est acceptée jusqu'au dernier moment, y compris juste avant le râle, ultime chance donnée à qui n'a pas voulu ou pu, jusque là, ouvrir les yeux sur le chemin de la vie. Mais elle ne sera pas accordée à celui qui, en toute conscience, a fermé les yeux quand il pouvait les ouvrir et qui, par paresse, par cupidité ou par orgueil, ne la volontairement pas fait.

Une fois l'idée de changer acceptée, il est alors possible d'évoluer et de progresser. Partant du constat : je reconnais ce que je suis, il est alors possible de se fixer de grandes et nobles ambitions. Ce vecteur deviendra source d'énergie et de motivation en orientant la direction du chemin à accomplir et le processus de transformation pourra commencer. Il existe à ce stade un piège que tout guerrier désireux de s'accomplir sur la Voie doit éviter : se fixer un objectif trop ambitieux. Les conséquences en sont bien connues : abandon par démotivation suivi de regrets éternels, ou pire, aveuglement avec la certitude de vivre son rêve éveillé en perdant définitivement la capacité d'autocritique.

Ne rêvez pas votre avenir, créez le !

Vous êtes maintenant ce que vous êtes et vous savez raisonnablement qui vous voudriez être. La Voie vous permet alors de travailler et de progresser dès aujourd'hui: demain vous serez différent et vous progresserez encore pour qu'après demain voit un autre en vous, un Vous futur, un Vous meilleur, vous serez alors ce que vous pouvez être, et après l'après-demain vous serez encore plus, vous serez ce que vous n'aviez même pas imaginé oser être.

« Ce que tu seras, sera. C'est ce que tu es qui deviendra ! » Répond le Maître à l'élève.

Soyez dès aujourd'hui juste et honnête avec vous-même, la Voie qui demande à Accomplir est juste là sous vos pieds !

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