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vendredi 7 octobre 2016

Le Ki dans l'Aïkido

Qu'un faible puisse remporter la victoire sur un fort est une possibilité induite par les principes de l'Aïkido, notamment par la non-opposition, le retournement de la force de l'attaquant contre lui-même et l'utilisation correcte du corps pour activer le Ki, fabuleuse énergie qui peut permettre de dépasser le potentiel de force d'un adversaire.
Souvent ignoré pour ne pas risquer d'orienter la pratique vers un travers « pseudo-ésotérique » ou d’affirmer son ignorance à son sujet, le Ki reste aujourd'hui fréquemment un tabou dans les courants officiels. S'il apparaît comme une spécificité de l'Aïkido, il est présent dans nombre de Budo japonais.

Lorsque j'ai commencé l'Aïkido et interrogé des enseignants sur le Ki, on m'a souvent répondu qu'il ne fallait pas le chercher spécifiquement, qu'il était inclus dans la pratique et que les questions trouveraient leur réponse en temps voulu. L'un d'eux me répondit plus précisément : « Pratique en respectant les principes et, que tu en parles ou non, de toute façon il se mettra en œuvre naturellement. »
Aujourd'hui je reconnais dans cette réponse une grande pertinence et si le « naturellement » vient beaucoup plus facilement avec 30 ans de pratique, la durée de pratique n'est pas la seule donnée car on peut pratiquer toute une vie en passant à côté de l'essentiel.

Qu'est-ce que le Ki ? Peut-on le développer ? Comment l'activer dans la pratique ?


" L'Énergie, le souffle vital, est une force en rapport avec l'essence de la vie. Elle peut être considérée comme un principe qui active l'univers. Source de vitalité, elle assure la cohésion des êtres et des choses.

C'est aussi la dynamique du Taö, le Yin et le Yang. Elle est partout, tout le monde la possède. La seule difficulté est de la reconnaître (étymologie-logiquement, reconnaître = naître de nouveau avec), de la laisser agir, de la contrôler. Sa disparition entraîne le chaos, la mort des organismes vivants ainsi que la destruction de la matière. "
(extrait de Ki, Chi, Prâna, Ankh, Pneuma, Spiritus ou l'Énergie Vitale afficher)

"  Énergie potentielle du corps, le Ki prend son essence dans la vie même et ses manifestations sont diverses : volonté, endurance, pouvoir de persuasion, puissance vitale.
L’utilisation de ce courant énergétique consiste, dans les techniques d’Aïkido, à laisser couler le Ki le long des bras en le projetant à l’extérieur par le bout de chaque doigt, comme l’eau circule dans un tuyau pour jaillir à l’extérieur, à son extrémité. L’art de tirer parti de cette puissance intérieure permet alors de canaliser et de dominer la force agressive de l’adversaire.
L’esprit guide le corps et seule la parfaite coordination des capacités mentales et des moyens physiques permet d’utiliser le Ki. Sans intervention de l’esprit, la résistance physique s’oppose uniquement à la puissance adverse et la plus grande des deux forces l’emporte. La puissance de l’esprit multiplie les possibilités physiques en les entraînant dans un flot énergétique qui englobe et submerge la force brutale de l’adversaire. Le corps et l’esprit se confondent alors pour exécuter le mouvement. "
(extrait de « Aïkido méthode nationale » de Nobuyoshi Tamura Senseï. afficher )

" L'équilibre (relatif) du In et du Yo est indispensable à la bonne santé d'un individu comme à celle du monde. Plusieurs facteurs comme le stress, l'anxiété ou une alimentation déséquilibrée peuvent affecter le flux de ces énergies et inhiber ainsi la circulation du Ki. Dans la langue japonaise, santé et maladie se formulent Genki (bon Ki) et Byoki (Ki malade). En acupuncture, l'application d'aiguilles le long des méridiens stimule et contrôle le Ki, en attirant l'énergie In ou Yo vers les régions où elles sont insuffisantes ou en les dispersant lorsqu'elles sont en excès. "
(extrait de In Yo, vers la recherche de l'équilibre. afficher)

" Pour tenter de comprendre le Ki (comprendre = prendre avec soi), il faut tenter de le replacer dans son contexte culturel d'origine : le mot Ki au Japon est fréquemment utilisé, mais rarement tout seul : Gen Ki (bon Ki = santé), Byo Ki (malade), Ki Ni Iru (entrer dans le Ki = plaire), Ki Mochi (posséder le Ki = sentiment, humeur, état d'esprit), Ki Fu (le vent du Ki = disposition d'esprit) en sont quelques exemples.
Le Ki est immatériel, il est l'essence de toute chose. Il est la manifestation de la vie. Chaque être reçoit du Ki à sa naissance: s'il accorde son Ki avec le Ki universel, sa santé sera bonne. "
(extrait de Le Ki... Énergie ou auréole de mysticisme ? afficher )

" Dans les arts martiaux comme en Zazen, si ni la posture ni la respiration ne sont bonnes, il est impossible d'avoir un bon Ki. Il faut toujours que la puissance énergétique, la force, la conscience s'harmonisent sans tension pour que le Ki soit fort : une respiration correcte harmonise tout cela et alimente le Ki, qui est l'énergie vitale.
… L'expiration crée la liaison qui équilibre la conscience et la posture. Cette activité déclenche l'impulsion équilibrante entre les muscles, les nerfs, l'hypothalamus et le thalamus.
... Entre l'esprit et le corps, l'esprit et la posture, l'esprit et la technique, la respiration établit la liaison. Finalement, posture et respiration s'unifient. La respiration devient Ki (l'énergie, le ressort), comme le Ki d'Aïkido. "
(extrait de Zen et Arts Martiaux de Taisen Deshimaru aux Éditions Albin Michel.)

" Dans le travail de l'Aïkido, comme dans celui du Taï Chi et d'autres encore, la souplesse est la pierre angulaire de toute progression. La première étape est la suppression de la force rigide par relâchement et décontraction, pour acquérir la souplesse nécessaire à l'apprentissage technique. Vient ensuite le travail sur la densité, à ne pas confondre avec la force rigide. Cette étape permettra de réaliser les techniques de manière rigoureuse. La dernière étape sera le travail d'alliance entre souplesse et densité, permettant un accès à l'énergie interne.

La technique devient puissante par l'utilisation correcte du Ki. Dans le geste martial, la détente est soudaine, explosive, puissante. Le son, en accord avec le geste, peut en augmenter l'intensité: c'est le Ki-Aï.

L'alchimie de l'Aïkido vient de la surenchère du travail de l'énergie. La pratique entière est basée sur la dynamique du Taö : Uke devient Tori, Tori devient Uke, exécute Omote et Ura, activant ainsi le Yin et le Yang qui s'opposent, se relient et se contiennent mutuellement. L'énergie peut alors circuler pleinement dans et par cette dynamique.

Ce que nous enseigne l'Aïkido est que l'on ne peut s'élever seul, que Tori n'est rien sans Uke, et qu'il est vain de vouloir maîtriser l'énergie si l'on ne la laisse pas circuler. "
(extrait de Ki, Chi, Prâna, Ankh, Pneuma, Spiritus ou l'Énergie Vitale afficher)

J'avais conclu ce dernier article par : " Avoir une pratique régulière et entière est la seule et véritable voie où toute la mécanique énergétique se mettra naturellement en application, sans se poser de questions particulières. "
A cette époque, je ne m’étais pas posé la question de savoir si les enseignants que je suivais, ou leur maître, développaient un travail sur le Ki, ceci me paraissant " obligatoirement " inclus dans la pratique. Mais aujourd'hui je sais qu'il est possible de passer à côté si l'enseignant n'y oriente pas son propre travail ainsi que celui de ses élèves.


On peut toujours continuer à creuser un puits avec l'espoir de trouver de l'eau. Mais pour s'y abreuver, il faut atteindre l'eau. Il est donc préférable d'apprendre à creuser puis de le faire dans un lieu propice. Il en va de même avec le Ki.

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