Les
textes précédents ont dénoncé les dérives et posé la question
du devenir de l'Aïkido. Le retour, tant à une cohérence au niveau
technique, qu'à la conception d'une Voie martiale et de sa gestion
administrative, semble une évidence. Beaucoup ne l'accepteront pas
car cela demande une remise en question et la perte de (faux)
privilèges comme le statut de gradé ou d'expert, ou bien celui de
président ou d’administratif. Pourtant, il est plus que nécessaire
de redonner à notre discipline la digne dimension d'un art martial.
Si
ce changement trouvera indubitablement nombre de réfractaires,
résistance au changement oblige, j'invite les sincères pratiquants
à redimensionner leur pratique en complétant leur formation
technique auprès de maîtres ou d'experts.
Je les invite aussi à s'ouvrir à d'autres disciplines, même s'il est
difficile de trouver le temps nécessaire et de pratiquer chaque fois
que cela est possible.
Il
ne s'agit pas de dire qu'il faut pratiquer plus à tout prix, mais
plutôt de pratiquer mieux sans s'éparpiller, sans gaspiller et
surtout sans se leurrer soi-même. Cela sous-entend d'optimiser sa
pratique auprès de professeurs compétents et qualifiés dans les
disciplines qu'ils enseignent, mais aussi avec ses Sempaï*
(pratiquants gradés ou anciens) qui ne le sont que parce qu'ils en
adoptent la bienveillante attitude, ainsi qu'avec ses Dohaï*
(partenaires pratiquants), si ceux-ci recherchent aussi une pratique
valorisante, source de progression.
Il
ne s'agit pas d'exclure tous les autres ni de former un groupe
restreint et de se réconforter entre-soi, mais d'éviter de
gaspiller le temps si précieux que l'on peut accorder aux arts
martiaux.
Dans
le Zen, Shugyo est l'ascèse ; dans les arts martiaux, c'est
l’entraînement intense. Shugyo s'apparente à la quête,
l'épreuve que l'on se fait subir à soi-même, visant à dépasser
ce que l'on perçoit comme ses limites à un moment donné. Dans
l'art martial, c'est donc aussi le travail technique auquel on soumet
notre corps. Sans pour autant le meurtrir, il nous faut le nourrir
par une pratique, non pas trop intensive, mais suffisamment intense
pour donner matière à une progression : perfectionnement du
geste, adaptation selon l'âge ou la morphologie, recherche
d'optimisation de l'effort pour améliorer un résultat... La
pratique doit amener l'adepte à rechercher, dans et par l'effort, un
perfectionnement constant.
Ne
tombez pas dans la routine de l’entraînement, laissez-vous porter
par la pratique et, en toute cohérence, ne laissez pas votre corps
en errance sur le Tatami.
*
les termes japonais ne se déclinent par en nombre, je les écrits au
singulier.
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