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lundi 17 septembre 2018

Réflexions autour du texte affiché dès 1932 à l'Aïkikaï de Tokyo



Préalable
C'est en 1942 que la Dai Nippon Butoku Kai désigna sous le nom d’Aïkido l’art de Me Ueshiba, art préalablement reconnu par le gouvernement japonais sous le nom d’Aïkibudo en 1940.
Il est donc fortement improbable que ce texte de 1932 mentionne l’appellation Aïkido. A-t-elle été modifiée lors d’une actualisation du document ? S’agissait-il du terme Aïkibudo, nom utilisé de 1927 à 1940 pour désigner l’art de maître Ueshiba ? (A ce jour, je n’ai pas de réponse à ces questions)

La fondation Aïkikaï ne fut fondée qu'en 1940. Le dojo de Morihei Ueshiba, créé en 1927, était le Kobukan. Ce texte de 1932 devait donc être affiché dans l'ancien dojo Kobukan.
Ces considérations ne nuisent pas cependant au contenu du texte.


1. Un coup en Aïkido peut décider de la vie ou de la mort. Durant la pratique, obéissez aux instructions de celui qui dirige le cours. Ne transformez pas la pratique en un absurde test de force !

2. L'Aïkido est une voie par laquelle, au moyen du UN, on peut atteindre les DIX MILLE ÊTRES. Même avec un seul adversaire, il ne faut pas uniquement se préoccuper de ce qui est devant, il est nécessaire de pratiquer en étant attentif aux quatre, aux huit directions.

3. Il faut travailler dans la joie !

4. Les enseignements de celui qui donne le cours ne représentent qu’un fragment de l‘Aïkido. Quand, par la recherche et l’entraînement quotidien et constant de soi-même, vous serez parvenu à la connaissance par le corps, le véritable usage des merveilles de l'Aïkido vous sera permis.

5. L’entraînement journalier commence par TAI NO HENKA (préparation du corps), ensuite on pratique de plus en plus intensivement sans dépasser ses limites, ce qui permet à des personnes âgées de pratiquer sans risque de se blesser et d’atteindre le but de la pratique.

6. L’Aïkido est une recherche qui tend, par l’exercice du corps et de l’esprit, à façonner un homme au cœur droit. Toutes les techniques sans exception sont secrètes et ne peuvent être montrées à ceux qui ne pratiquent pas ! Il faut éviter de les enseigner à ceux qui en feraient un mauvais usage.

"Aïki n’est pas l’art de la bataille avec l’ennemi ; ce n’est pas une technique de destruction de l’adversaire, c’est la voie de l’harmonisation du monde qui fait de l’humanité une seule nation."
Paroles de O.SENSEI


Première consigne

« Un coup en Aïkido peut décider de la vie ou de la mort. Durant la pratique, obéissez aux instructions de celui qui dirige le cours. Ne transformez pas la pratique en un absurde test de force ! »

La première phrase sous-entend que les techniques d’Aïkido peuvent être mortelles. Elles peuvent aussi « décider de la vie ». Leur finalité dépend donc de l’usage que l’on en fait et de la bienveillance de celui qui les applique.

Une technique martiale qualifiée de mortelle ou létale est incontestablement une technique efficace. Ceci devrait alimenter la réflexion de ceux qui s’interrogent sur l’efficacité de l’Aïkido en tant que technique de combat, l’Aïkido étant parfois (souvent) mis en doute sur cette question.
Face à ce doute, il faut alors s’interroger :
Est-ce la technique qui fait défaut ou celui qui l’utilise ?
Celui qui a transmis la technique l’a-t-il transmise dans son intégralité ?
Des enseignements se sont-ils perdus lors de cette transmission ?

Intéressons-nous à la deuxième phrase : « Durant la pratique, obéissez aux instructions de celui qui dirige le cours. »

Afin de transmettre des techniques dans leur intégralité, l’enseignant se doit de maîtriser sans défaut les techniques qu’il enseigne. Face à un tel maître-expert, nous ne pouvons qu’accorder une pleine confiance, respecter ses consignes et obéir à ses instructions.
Nous pouvons donc travailler sous sa direction ces techniques au fort potentiel martial, le maître étant censé être garant de la sécurité des pratiquants et de l’usage qui est fait de la technique.

Qu’en est-il pour un enseignant moins avancé ?
Pouvons-nous prendre son enseignement pour argent comptant ?

Dans les traditions martiales au Japon, les titres d’enseignant (Renshi, Kyoshi, Hanshi) ne sont délivrés qu’à partir du grade de 5e Dan, gage d’une certaine qualité du technicien devenant enseignant.
Devons-nous nous interroger sur ceux qui transmettent en France avec un premier, deuxième ou troisième Dan ?
Maîtrisent-ils sans défaut les techniques qu’ils enseignent ?

En France, le 4e Dan est le dernier grade soumis à un examen d’évaluation. Aussi, un enseignant de grade inférieur se devrait de progresser jusqu’à ce grade (et même au-delà) en restant sous l’enseignement ou la tutelle d’un haut gradé, ne serait-ce que par respect envers la discipline et la confiance que ses élèves lui accordent.

La troisième phrase « Ne transformez pas la pratique en un absurde test de force ! » est une mise en garde.
Il ne faut pas tenter de tester sa force. Dans une pratique où les techniques peuvent être dangereuses, l'usage de la force augmente en effet le risque de blessure. Mais ceci sous-entend aussi qu’il ne faut pas non plus tenter de tester sa force en la comparant avec celle d’un autre pratiquant. La non compétition est ainsi implicitement recommandée dans la pratique, ni avec autrui, ni avec soi-même. Et ce déjà en 1932 !

à suivre...

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