Préalable
C'est en 1942 que la Dai Nippon Butoku Kai désigna sous le nom d’Aïkido l’art de Me Ueshiba, art préalablement reconnu par le gouvernement japonais sous le nom d’Aïkibudo en 1940.
Il est donc fortement improbable que ce texte de 1932 mentionne l’appellation Aïkido. A-t-elle été modifiée lors d’une actualisation du document ? S’agissait-il du terme Aïkibudo, nom utilisé de 1927 à 1940 pour désigner l’art de maître Ueshiba ? (A ce jour, je n’ai pas de réponse à ces questions)
La fondation Aïkikaï ne fut fondée qu'en 1940. Le dojo de Morihei Ueshiba, créé en 1927, était le Kobukan. Ce texte de 1932 devait donc être affiché dans l'ancien dojo Kobukan.
Ces considérations ne nuisent pas cependant au contenu du texte.
1.
Un coup en Aïkido peut décider de la vie ou de la mort. Durant la
pratique, obéissez aux instructions de celui qui dirige le cours. Ne
transformez pas la pratique en un absurde test de force !
2.
L'Aïkido est une voie par laquelle, au moyen du UN, on peut
atteindre les DIX MILLE ÊTRES. Même avec un seul adversaire, il ne
faut pas uniquement se préoccuper de ce qui est devant, il est
nécessaire de pratiquer en étant attentif aux quatre, aux huit
directions.
3.
Il faut travailler dans la joie !
4.
Les enseignements de celui qui donne le cours ne représentent qu’un
fragment de l‘Aïkido. Quand, par la recherche et l’entraînement
quotidien et constant de soi-même, vous serez parvenu à la
connaissance par le corps, le véritable usage des merveilles de
l'Aïkido vous sera permis.
5.
L’entraînement journalier commence par TAI NO HENKA (préparation
du corps), ensuite on pratique de plus en plus intensivement sans
dépasser ses limites, ce qui permet à des personnes âgées de
pratiquer sans risque de se blesser et d’atteindre le but de la
pratique.
6.
L’Aïkido est une recherche qui tend, par l’exercice du corps et
de l’esprit, à façonner un homme au cœur droit. Toutes les
techniques sans exception sont secrètes et ne peuvent être montrées
à ceux qui ne pratiquent pas ! Il faut éviter de les enseigner à
ceux qui en feraient un mauvais usage.
"Aïki
n’est pas l’art de la bataille avec l’ennemi ; ce n’est pas
une technique de destruction de l’adversaire, c’est la voie de
l’harmonisation du monde qui fait de l’humanité une seule
nation."
Paroles
de O.SENSEI
Première
consigne
« Un
coup en Aïkido peut décider de la vie ou de la mort. Durant la
pratique, obéissez aux instructions de celui qui dirige le cours. Ne
transformez pas la pratique en un absurde test de force ! »
La
première phrase sous-entend que les techniques d’Aïkido peuvent
être mortelles. Elles peuvent aussi « décider de la vie ».
Leur finalité dépend donc de l’usage que l’on en fait et de la
bienveillance de celui qui les applique.
Une
technique martiale qualifiée de mortelle ou létale est
incontestablement une technique efficace. Ceci devrait alimenter la
réflexion de ceux qui s’interrogent sur l’efficacité de
l’Aïkido en tant que technique de combat, l’Aïkido étant
parfois (souvent) mis en doute sur cette question.
Face
à ce doute, il faut alors s’interroger :
Est-ce
la technique qui fait défaut ou celui qui l’utilise ?
Celui
qui a transmis la technique l’a-t-il transmise dans son
intégralité ?
Des
enseignements se sont-ils perdus lors de cette transmission ?
Intéressons-nous
à la deuxième phrase : « Durant la pratique, obéissez
aux instructions de celui qui dirige le cours. »
Afin
de transmettre des techniques dans leur intégralité, l’enseignant
se doit de maîtriser sans défaut les techniques qu’il enseigne.
Face à un tel maître-expert, nous ne pouvons qu’accorder une
pleine confiance, respecter ses consignes et obéir à ses
instructions.
Nous
pouvons donc travailler sous sa direction ces techniques au fort
potentiel martial, le maître étant censé être garant de la
sécurité des pratiquants et de l’usage qui est fait de la
technique.
Qu’en
est-il pour un enseignant moins avancé ?
Pouvons-nous
prendre son enseignement pour argent comptant ?
Dans
les traditions martiales au Japon, les titres d’enseignant (Renshi,
Kyoshi, Hanshi) ne sont délivrés qu’à partir du grade de 5e Dan,
gage d’une certaine qualité du technicien devenant enseignant.
Devons-nous
nous interroger sur ceux qui transmettent en France avec un premier,
deuxième ou troisième Dan ?
Maîtrisent-ils
sans défaut les techniques qu’ils enseignent ?
En
France, le 4e Dan est le dernier grade soumis à un examen
d’évaluation. Aussi, un enseignant de grade inférieur se devrait
de progresser jusqu’à ce grade (et même au-delà) en restant sous
l’enseignement ou la tutelle d’un haut gradé, ne serait-ce que
par respect envers la discipline et la confiance que ses élèves lui
accordent.
La
troisième phrase « Ne transformez pas la pratique en un
absurde test de force ! » est une mise en garde.
Il
ne faut pas tenter de tester sa force. Dans une pratique où les
techniques peuvent être dangereuses, l'usage de la force augmente en
effet le risque de blessure. Mais ceci sous-entend aussi qu’il ne
faut pas non plus tenter de tester sa force en la comparant avec
celle d’un autre pratiquant. La non compétition est ainsi
implicitement recommandée dans la pratique, ni avec autrui,
ni avec soi-même. Et ce déjà en 1932 !
à
suivre...
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