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mardi 24 novembre 2015

L’Aïkido : quel avenir ?

L’Aïkido connaît actuellement en France une baisse sans précédent du nombre de ses pratiquants. Si la tendance à pratiquer les arts martiaux en général est à la baisse, la discipline paye aujourd'hui les nombreuses erreurs commises par les dirigeants comme par les professeurs, ainsi que les conséquences des guerres fratricides fédérales.

Le principal problème est que l'Aïkido ne séduit plus, ou plus suffisamment. D'une part nous avons une large partie du public qui ne veut plus se donner les moyens de s'investir dans une pratique à long terme, et de l'autre une pratique souvent défaillante ou insatisfaisante pour un public de plus en plus informé sur la pratique des arts martiaux et donc moins facile à duper. Car comment séduire quand un très grand  nombre de pratiquants et de professeurs ne pratiquent qu'un Aïkido sans âme ?



N'ayant aucune expérience autre que celle développée dans un douillet cocon au sein du Dojo, on se prend à croire devenir un grand guerrier invincible en singeant un répertoire technique parfois incohérent. Il suffit d'observer les « petites » démonstrations ou les passages de grades : les principes techniques et martiaux sont souvent défaillants ou tout simplement absents.
L'excuse type derrière laquelle se réfugient les incompétents est qu'il ne faut pas voir que le geste martial dans l'Aïkido mais l'exercice qui développe les capacités tout en adoptant la philosophie pacifiste propre à la discipline.
Si certains sont sincèrement convaincus de leur irréprochable pratique, je réponds que de l'inconscience à l'ignorance il n'y a qu'un pas : l'Aïkido ne séduit plus parce qu'il n'est plus pratiqué comme devrait l'être un art martial.

Nul doute que la pratique a bien évolué depuis le temps où l'on surnommait le Dojo de Morihei Ueshiba « le Dojo de l'Enfer ». Nul doute que l'enseignement de l'Aïkido a changé aussi au fil des maîtres et de la compréhension qu'en ont eu leurs élèves. Cela va de soi et il ne pourrait en être autrement.

Mais nul doute que le besoin de développement de la discipline en permettant à de " jeunes " professeurs au grade peu élevé de transmettre des savoirs incomplets et des connaissances aux nombreuses lacunes, finisse par desservir la discipline elle-même.

Nul doute que l'amateurisme et le manque de pratique ou d'investissement dans la pratique y ont contribué.

Nul doute que l'Ego de nombreux dirigeants y participe aussi.

Pourtant, et malgré ce qui apparaît ici comme un frein au développement et à la pratique de l'Aïkido, je constate une grande sincérité chez un grand nombre de pratiquants qui luttent contre l'ignorance et ouvrent leur conscience à un champ élargi des possibles. C'est un premier pas vers la connaissance et une porte ouverte à la conciliation du pacifisme et de la martialité que l'Aïkido cherche à conjuguer à la perfection, perfection vers laquelle on se doit de tendre même si l'on ne l'atteindra jamais totalement.

L’Aïkido contient la vérité et son contraire. Il invite le pratiquant à résoudre une équation insoluble de prime abord. À l'instar des Ko-an (proverbes Zen visant à éveiller le disciple), il faudra une longue pratique et un bon lâcher-prise pour saisir l'insaisissable sensation de compréhension où tout s'éclaire dans un fugace instant qui s'évapore aussitôt que l'intellect veut reprendre le contrôle. L'Aïkido, comme tout Budo digne de ce nom, ne se comprend que par l'union (la concordance, l'harmonisation) du corps et de l'esprit.

Aussi le mal maudit qui dessert l'Aïkido est le manque de pratique des pratiquants. Certes, chacun pratique selon ses possibilités et ses capacités... et j'encourage tous ceux qui pratiquent ainsi. Cependant, j'observe et constate que certains parlent plus qu'ils ne pratiquent. Alors par l’ancienneté ou la connivence, ils montent en grade et affirment alors de plus belles erreurs qui ne convaincront plus qu'un public restreint ou fidèle, le plus souvent en attente de la récompense d'être gradés à leur tour et dire tout haut : « Moi, je... ».

Il existe tout de même de bons techniciens, de bons pratiquants, ainsi que des bons " en devenir ". Noyés dans la masse, ils ont parfois du mal à se faire entendre, mais nous les reconnaissons lorsque nous les rencontrons sur le tatami. Ils ne se réfugient pas derrière de piètres excuses, ni ne sont incapables de s'ouvrir à une autre pratique que la leur : ils pratiquent. Enseignants comme pratiquants, ils remettent en cause leurs connaissances et les approfondissent. Ils ne se satisfont jamais de leur niveau et continuent à se perfectionner pour pratiquer et transmettre de manière encore plus précise. Ce sont, eux, qui donnent l'envie de pratiquer l'art martial et ce sont, eux, l'avenir de l'Aïkido.

Merci à ceux qui se reconnaissent ici. Quant à ceux qui croient se reconnaître... 

3 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  2. Le déclin lent mais absolument inexorable de l'aïkido n'est pas imputable au public. Ce phénomène n'a rien à voir avec le niveau ou la disponibilité des pratiquants.Le yoga se porte par exemple très bien. Le déclin de l'aïkido, déclin absolument mérité, vient de la perversité absolument ignoble de ses cadre techniques hommes et femmes. Partout règne la mesquinerie, le désir de pouvoir la froide inhumanité. Ce sont les pires profils humains qui se sont imposés parmi les plus hauts gradés notamment dans la fédération la plus récente. Donc pas étonnant que dégoûtés par une telle situation où ils sont exploités pour mettre en valeur l'égo mercantile et très suffisants des techniciens qui ne comprennent d'ailleurs absolument rien dans le fond à la discipline qu'ils pratiquent le public se tourne vers d'autres voies. Le karma est impitoyable en la matière.

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    1. En effet, les retours de bâton ne sont imputables qu'à ce qui le manie incorrectement ou à d'autres fins... Le chemin est la voie, et les actes soumis au karma. :-)

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