L’Aïkido
connaît actuellement en France une baisse sans précédent du nombre
de ses pratiquants. Si la tendance à pratiquer les arts martiaux en
général est à la baisse, la discipline paye aujourd'hui les
nombreuses erreurs commises par les dirigeants comme par les
professeurs, ainsi que les conséquences des guerres fratricides
fédérales.
Le
principal problème est que l'Aïkido ne séduit plus, ou plus
suffisamment. D'une part nous avons une large partie du public qui ne
veut plus se donner les moyens de s'investir dans une pratique à
long terme, et de l'autre une pratique souvent défaillante ou
insatisfaisante pour un public de plus en plus informé sur la
pratique des arts martiaux et donc moins facile à duper. Car comment
séduire quand un très grand nombre de pratiquants et de professeurs
ne pratiquent qu'un Aïkido sans âme ?
N'ayant
aucune expérience autre que celle développée dans un douillet
cocon au sein du Dojo, on se prend à croire devenir un grand
guerrier invincible en singeant un répertoire technique parfois
incohérent. Il suffit d'observer les « petites »
démonstrations ou les passages de grades : les principes
techniques et martiaux sont souvent défaillants ou tout simplement
absents.
L'excuse
type derrière laquelle se réfugient les incompétents est qu'il ne
faut pas voir que le geste martial dans l'Aïkido mais l'exercice qui
développe les capacités tout en adoptant la philosophie pacifiste
propre à la discipline.
Si
certains sont sincèrement convaincus de leur irréprochable
pratique, je réponds que de l'inconscience à l'ignorance il n'y a
qu'un pas : l'Aïkido ne séduit plus parce qu'il n'est plus
pratiqué comme devrait l'être un art martial.
Nul
doute que la pratique a bien évolué depuis le temps où l'on
surnommait le Dojo de Morihei Ueshiba « le Dojo de l'Enfer ».
Nul doute que l'enseignement de l'Aïkido a changé aussi au fil des
maîtres et de la compréhension qu'en ont eu leurs élèves. Cela va
de soi et il ne pourrait en être autrement.
Mais
nul doute que le besoin de développement de la discipline en
permettant à de " jeunes " professeurs au grade
peu élevé de transmettre des savoirs incomplets et des
connaissances aux nombreuses lacunes, finisse par desservir la
discipline elle-même.
Nul
doute que l'amateurisme et le manque de pratique ou d'investissement
dans la pratique y ont contribué.
Nul
doute que l'Ego de nombreux dirigeants y participe aussi.
Pourtant,
et malgré ce qui apparaît ici comme un frein au développement et à
la pratique de l'Aïkido, je constate une grande sincérité chez un
grand nombre de pratiquants qui luttent contre l'ignorance et ouvrent
leur conscience à un champ élargi des possibles. C'est un premier
pas vers la connaissance et une porte ouverte à la conciliation du
pacifisme et de la martialité que l'Aïkido cherche à conjuguer à
la perfection, perfection vers laquelle on se doit de tendre même si
l'on ne l'atteindra jamais totalement.
L’Aïkido
contient la vérité et son contraire. Il invite le pratiquant à
résoudre une équation insoluble de prime abord. À l'instar des
Ko-an (proverbes Zen visant à éveiller le disciple), il faudra une
longue pratique et un bon lâcher-prise pour saisir l'insaisissable
sensation de compréhension où tout s'éclaire dans un fugace
instant qui s'évapore aussitôt que l'intellect veut reprendre le
contrôle. L'Aïkido, comme tout Budo digne de ce nom, ne se comprend
que par l'union (la concordance, l'harmonisation) du corps et de
l'esprit.
Aussi
le mal maudit qui dessert l'Aïkido est le manque de pratique des
pratiquants. Certes, chacun pratique selon ses possibilités et ses
capacités... et j'encourage tous ceux qui pratiquent ainsi.
Cependant, j'observe et constate que certains parlent plus qu'ils ne
pratiquent. Alors par l’ancienneté ou la connivence, ils montent
en grade et affirment alors de plus belles erreurs qui ne
convaincront plus qu'un public restreint ou fidèle, le plus souvent
en attente de la récompense d'être gradés à leur tour et dire
tout haut : « Moi, je... ».
Il
existe tout de même de bons techniciens, de bons pratiquants, ainsi
que des bons " en devenir ". Noyés dans la
masse, ils ont parfois du mal à se faire entendre, mais nous les
reconnaissons lorsque nous les rencontrons sur le tatami. Ils ne se
réfugient pas derrière de piètres excuses, ni ne sont incapables
de s'ouvrir à une autre pratique que la leur : ils pratiquent.
Enseignants comme pratiquants, ils remettent en cause leurs
connaissances et les approfondissent. Ils ne se satisfont jamais de
leur niveau et continuent à se perfectionner pour pratiquer et
transmettre de manière encore plus précise. Ce sont, eux, qui
donnent l'envie de pratiquer l'art martial et ce sont, eux, l'avenir
de l'Aïkido.
Merci
à ceux qui se reconnaissent ici. Quant à ceux qui croient se
reconnaître...
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerLe déclin lent mais absolument inexorable de l'aïkido n'est pas imputable au public. Ce phénomène n'a rien à voir avec le niveau ou la disponibilité des pratiquants.Le yoga se porte par exemple très bien. Le déclin de l'aïkido, déclin absolument mérité, vient de la perversité absolument ignoble de ses cadre techniques hommes et femmes. Partout règne la mesquinerie, le désir de pouvoir la froide inhumanité. Ce sont les pires profils humains qui se sont imposés parmi les plus hauts gradés notamment dans la fédération la plus récente. Donc pas étonnant que dégoûtés par une telle situation où ils sont exploités pour mettre en valeur l'égo mercantile et très suffisants des techniciens qui ne comprennent d'ailleurs absolument rien dans le fond à la discipline qu'ils pratiquent le public se tourne vers d'autres voies. Le karma est impitoyable en la matière.
RépondreSupprimerEn effet, les retours de bâton ne sont imputables qu'à ce qui le manie incorrectement ou à d'autres fins... Le chemin est la voie, et les actes soumis au karma. :-)
Supprimer