Bon
nombre de pratiquants de Budo s'ouvrent à d'autres disciplines
martiales que celle initialement pratiquée. Les raisons sont
multiples : enrichissement personnel, désir de se confronter à
de nouvelles formes, rencontres courtoises entre écoles ou clubs,
développement des aptitudes ou des connaissances... Cette démarche
présente des bénéfices pour le pratiquant mais aussi des
inconvénients qu’il faut prendre en compte.
La
plupart du temps, les pratiquants sont enthousiastes de cet
enrichissement qui parfois ne consiste qu'à obtenir un éclairage
nouveau sur sa propre pratique. Cependant peu sont conscients que dès
lors qu’une connexion avec une autre pratique est établie, elle
transforme la pratique et par la même le pratiquant.
Au
plus bas niveau, le pratiquant a vu " autre chose "
mais il ne fait pas de lien avec sa pratique. Il a seulement ouvert
son esprit ou sa conscience à un autre " possible ".
Le degré d'enrichissement n'est pas suffisant pour une métamorphose
significative du pratiquant ou de sa technique. Il n'est cependant
pas exclu qu'une connexion soit établie a posteriori lorsque le
niveau de conscience du pratiquant aura augmenté.
À
un niveau plus élevé, le pratiquant n'établit toujours pas
consciemment de relation entre sa propre pratique et celle
découverte, mais sa technique s'en trouve tout de même modifiée.
Ces changements subtils aboutissent parfois à de grandes différences
dans la pratique d'un même art selon les pratiquants, leur vision et
leur conception de la technique forgées sur la forme même de
technique reçue, son apprentissage et sa mise en œuvre. Certains
pourront juger à ce stade que la pratique est entachée de formes
externes et qu'elle n'est plus conforme à l'originale ou du moins
celle enseignée.
Ken-Jutsu
À
un niveau encore plus élevé, le pratiquant prend conscience de
principes communs, de points de convergence ou de complémentarité.
Il peut se satisfaire de l'éclairage apporté et améliorer sa
pratique (enrichissement qualitatif), comme il peut choisir d'entamer
cette nouvelle voie comme complémentaire à la sienne
(enrichissement double : qualitatif et quantitatif).
À
un niveau encore supérieur, à l'instar d'un musicien apte à jouer
différents registres, il peut choisir d'adopter, ou non, les
nouvelles formes acquises, voire de les combiner avec les siennes. Il
ne s'agit plus ici de transformation mais de " fusion
contrôlée ", ce qui demande un niveau de maîtrise
supérieure. Pour accéder à cette " transe-formation "
un haut niveau d'investissement dans la pratique est nécessaire.
Aïki-Jo
Parfois,
le pratiquant passe d'une technique à une autre sans toutefois aller
au-delà d'un niveau minimal de maîtrise. Ainsi pense-t-il
progresser en quantité. Hélas cette quantité ne remplacera pas la
qualité, et en deçà d'un niveau minimal d'investissement, ce
papillonnage ne permet pas d'atteindre l'essence d'une technique mais
seulement son enveloppe externe. Les aptitudes du pratiquant se
trouvent alors limitées dans le temps et finissent généralement
par décliner avec l'âge.
La
formation d'un Budoka passe par l'apprentissage et l'acquisition de
techniques mais aussi par le développement de ses propres capacités.
Le pratiquant de Budo tente alors de progresser constamment dans tous
les domaines, qu'ils soient techniques ou spirituels. Il comprend que
la pratique ne peut être figée car cela serait synonyme de
non-progression. Aussi sa pratique de demain se devra d'être
meilleure que celle d'aujourd'hui. Cette progression amorce
indubitablement une transformation de l'être qui évolue avec le
temps.
Iaïdo
Pour
le pratiquant, la technique est à la fois étalon, référence et
modèle. Le Kata (forme codifiée) et le Wasa (application technique)
ont un rôle primordial dans la transmission d'un savoir-faire qui
transcende le savoir-être. Si le Kata conserve la technique dans sa
pureté, sa beauté et son efficacité, le Wasa l'adapte à la
situation. Comme un phare dans la nuit, la technique se doit d'être
un repère immuable. Elle devient le but ultime à atteindre. Le plus
souvent le but étant, non pas si éloigné, mais si profond et
subtil qu'il alimente le pratiquant pendant toute sa vie.
Avec
le temps, le niveau de maîtrise augmente et le pratiquant peut
atteindre un niveau d'expertise s'il s'en donne les moyens. Certains
experts choisissent alors de préserver le modèle référent et de
le transmettre à leur tour. C'est un choix difficile car le
pratiquant se met alors entièrement au service d'une forme technique
et s'empêche dès lors de l'enrichir avec d'autres formes pour ne
pas la transformer ou la parasiter. Mais si la technique est figée
dans sa forme, le pratiquant évolue encore.
Aïkido
Quel
que soit son choix, entre unicité et pluralité, le pratiquant
désireux de progresser doit enrichir et approfondir ses
connaissances en tenant compte des avantages et inconvénients de sa
pratique, comme de ses propres qualités et défauts.
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